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Jeande La Fontaine, Fables (VII-XI) : Imagination et pensée au xviie siècle Après avoir publié en 1664 ses Contes et nouvelles en vers, Jean de La Fontaine se fait remarquer en 1668 grâce à ses Fables choisies. Le succès de ce premier ensemble dédié au dauphin, le fils aîné de Louis XIV, est tel qu'il pousse La Fontaine à écrire de nouveaux poèmes. Dix ans plus Fables (Livres VII à XI) - Folio - ISBN: 9782072858932 et tous les livres scolaires en livraison 1 jour ouvré avec Amazon Premium Fables: (Livres VII à XI) - La Fontaine,Jean de - Livres Eneffet, les années 1664 à 1679 constituent une apogée dans sa carrière d’auteur et son arrivée est remarquée sur la scène littéraire. Il publie un grand nombre d’histoires courtes et de nouvelles, qui sont sa spécialité. Nous sommes en pleine période classique (qui s’étend de 1660 à 1715) et La Fontaine va livrer avec ses Fables une des œuvres les plus Dansles Pensées, publiées en 1670 mais rédigées dans les années 1650, Blaise Pascal, philosophe, scientifique, mathématicien et théologien français, se penche sur l’imagination. 1) L’imagination empêche de suivre la méthode permettant d’accéder à la vérité. Lafable, entre divertissement et instruction. D’ aucuns, comme Jean de La Fontaine, affirment le caractère didactique de la fable (« Je me sers d’animaux pour instruire les hommes »), d’autres n’y lisent que divertissement.Quoi qu’il en soit, la parole du fabuliste est bien marquée dans les fables, le conteur est présent, pour attirer l’attention ou pour Site De Rencontre Gratuit Pour La Guadeloupe. La dissertation La matière première de la poésie est la vie La dissertation La matière première de la poésie est la vie humaine – ses accidents et ses incidents, ses victoires et ses désastres –, filtrée par la mémoire et l’imagination. », écrit Octavio Paz dans la préface à l’édition du recueil de Claude Roy, A la lisière du temps. Vous discuterez cette affirmation en vous référant aux textes du corpus et à vos connaissances personnelles. Les réflexions préliminaires et la lecture de l’énoncé          Vous discuterez » impose une réflexion organisée, dans la quelle on essaie de mettre en question, voire de critiquer, de réfuter, l’affirmation donnée Mais aussi, obligation de se poser la question de savoir ce que cette citation signifie. L’obligation de s’appuyer sur les textes du corpus, ce qui veut dire TOUS les textes du corpus, ou au moins 4 sur 5 ici. L’obligation de s’appuyer sur d’autres textes, vus en classe, lus personnellement. Les mots filtrée par la mémoire et l’imagination » imposent de ne pas négliger Claude Roy … … mais obligent aussi à se demander ce qu’est la matière première » ça sert à construire, à illustrer, ou c’est le thème ? … mais obligent aussi à se demander ce qu’est la vie humaine » quel humain ? Puisque l’on parle de poète, il s’agit d’écrivain, donc le sens des mots filtrée » et imagination » laissent entendre que la poésie n’est pas l’autobiographie réaliste ou intimiste, le carnet intime … Il faut donc se poser la question du travail de l’écriture objet d’étude vu en seconde, donc révisé en première par tout élève studieux qui n’a pas jeté son classeur de l’an passé Une proposition de plan dialectique » très sommaire, c’est-à-dire plus ou moins ThèseAntithèse-Tentative de synthèse, sans développement d’exemples, mais avec des pistes et quelques liens Internet pour votre culture 1° Certes, la vie humaine est bien un matériau, on en a des preuves dans certains types de poèmes qu’ils parlent de maladie ou non, de victoires ou de désastres des arguments et quelques illustrations à développer        La poésie intimiste, amoureuse, les récits de chagrins d’amour Louise Labé Le lyrisme des tragédies personnelles, Claude Roy, Armen Lubin La réflexion sur un épisode de sa vie Les choses vues, la famille, l’enfance, le thème de la vie intime, Rimbaud Ma Bohème, Les poètes modifient la réalité, la filtrent, soit parce qu’ils utilisent des formes courtes le sonnet, soit par décence, soit parce qu’ils dissimulent, masquent ce qui serait trop intime, mais on la sent parce que ça touche à des émotions que chacun peut ressentir La chanson des Frères Jacques est bien une réécriture des thèmes de la maladie, de son vocabulaire, mais ne racontent pas une vraie maladie ou un malaise comme Michaux dans Ecuador On peut d’ailleurs se poser la question de la sincérité … 2° Mais il y a les poètes qui font apparemment une poésie sans lien avec la vie personnelle un catalogue à trier et organiser        Ceux qui font de l’art pour l’art », les Parnassiens, certains poètes de la Renaissance qui évoquent des histoires d’amour très artificielles Ceux qui décrivent la nature, Gautier, Le pin des Landes Les fabulistes racontent des histoires sans rapport direct avec leur vie propre D’autres parlent de théories, de choses abstraites Baudelaire, Correspondances, Harmonie du soir Le macabre de Baudelaire dans les Fleurs du Mal n’est pas le résultat d’un travail sur des éléments personnels, mais se rattachent plutôt à des éléments de sa pensée, de ses obsessions, de ses opinions D’autres poètes prennent l’occasion des circonstances, comme Hugo qui fait une Fable ou Histoire pour exprimer une opinion très liée à un moment de l’histoire contemporaine, mais ne touche pas directement Hugo lui-même, et peut ensuite chronologiquement ou abstraitement être généralisé à d’autres situations similaires de tyrans ou de pouvoirs politiques autoritaires La poésie didactique n’est pas liée à des émotions personnelles, à des victoires ou des désastres 3° Cependant, aucun poème n’est totalement déconnecté d’une réalité personnelle de son auteur, c’est le fait même de l’individualité de l’acte d’écrire retour à l’objet d’étude évoqué plus haut un peu de réflexion théorique, légèrement illustrée, que vous étofferez vousmêmes On ne peut pas enlever à des poèmes abstraits le fait que leur auteur a bien constitué sa pensée à partir de sa vie, de son éducation le filtre est alors celui du cerveau, de la pensée conceptuelle Les poèmes historiques s’écrivent parce qu’un auteur a souffert, soit moralement, soit politiquement, soit dans sa chair Hugo, les poètes de la résistance lors de la deuxième guerre mondiale, les auteurs engagés des guerres de religion Les fables de La Fontaine sont indissociables de sa conception personnelle du pouvoir à l’époque de Louis XIV, et même s’il était très monarchiste, on peut y trouver, par le filtre des animaux qui parlent, qui sont rois, une vision du monde qui lui est propre Même les poèmes en apparence totalement intellectualisés et faits sur des principes a priori, sont le reflet d’une volonté inscrite en rupture ou en révolution par rapport à une vie littéraire les oulipiens travaillent la forme, Perec écrit les Alphabets { HYPERLINK " } ou { HYPERLINK " } ou les lipogrammes d’après sa lecture de tel ou tel poème, et Les chats de Baudelaire deviennent { HYPERLINK " }, sans la lettre E, dans un poème qui traite le même thème Isidore Isou, qui invente { HYPERLINK " } ou { HYPERLINK " } cliquez sur un numéro de la colonne de gauche, se place en révolutionnaire du langage 4° Conclusion squelettique, à étoffer et outiller de connecteurs et d’une formule finale d’ouverture, pour ceux qui tiennent absolument à en mettre une je rappelle qu’il est préférable de conclure sans ouverture, que de faire une ouverture sans avoir conclu … On ne peut qu’accepter la phrase d’Octavio Paz, qui semblait une provocation ou un paradoxe, et qui après examen s’avère assez évidente. Pas banale ou ordinaire tout de même, puisqu’elle obligé à réfléchir sur la nature de la poésie, et un peu sur sa fonction. Des questionnements humanistes allant de l’Homme à l’honnête homme idéalisé. Les Lumières proposent pour leur part une autre idée de l’Homme, libre parce que doté de raison. Le XVIe siècle ou période de la réflexion sur l’Homme. La foi en l’Homme et le goût du savoir sont au cœur des réflexions des penseurs humanistes. En rupture avec la pensée médiévale axée sur le Sacré, ils se nourrissent des textes antiques. Les découvertes récentes telles que l’héliocentrisme et le Nouveau Monde remettent en cause la place et la condition de l’Homme et développent des modèles de société inédits. À l’image des cités idéales antiques, Thomas More crée l’Utopie, univers de rêve où tout semble soumis à la raison. L’éducation est repensée comme un véritable perfectionnement de l’individu Il faut former les enfants à la vertu et aux lettres dans un esprit libéral, et cela dès la naissance» Erasme, F. Rabelais. L’essai naît à cette période, c’est une approche du sujet par des tentatives successives, se mettant soi et son jugement à l’épreuve, sans prétendre à un aboutissement. Montaigne dans Les Essais, 1533-1592 s’interroge sur lui-même, sur l’Homme, déchiré entre misère et grandeur, et donne une leçon de tolérance en opposant la barbarie des civilisés colonisateurs à l’innocence des des mœurs au XVIIe siècle. Naissant avec le XVIIe siècle, le classicisme établit des règles esthétiques, intellectuelles et morales, codifiant les genres et la langue. La raison» et la mesure» sont célébrées et dans des satires féroces, les moralistes peignent les mœurs de la société. Les formes sont brèves pensées, maximes, fables, caractères, lettres, contes... la finesse de l’esprit est nécessaire à l’artiste qui veut réussir à plaire et instruire à la fois. Les Fables de Jean de la Fontaine 1668-1694 sont des apologues composés d’un récit bref, léger et d’une morale pratique d’où ressort la cruauté de la société du Grand Siècle. L’idéal de l’honnête homme, sage, aimable et spirituel traverse les œuvres où bienséance et respect des règles sont de rigueur. Traversé par le courant de pensée Janséniste, certaines œuvres affichent leur vision pessimiste de l’humanité entachée par le péché originel. Nicolas Boileau, Blaise Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Mme de Sévigné ou Charles Perrault sont les auteurs les plus Lumières de la Raison et combats pour la Liberté Les avancées scientifiques et techniques permettent de croire au progrès, à la raison, face à l’intolérance et aux superstitions. Aussi, les philosophes des Lumières s’opposent à toute forme d’oppression en usant de leur esprit critique. L’Homme est pensé comme perfectible, voué à être libre et moralement meilleur grâce à la connaissance et la raison. Les Lumières s’émancipent des dogmes et des principes défendus par la religion. De ce fait, menaçant l’ordre établi religieux et politique, les œuvres sont souvent censurées car elles critiquent les injustices de la société, comme celles liées au statut social au détriment des mérites personnels. L’un des combats de cette époque est bien sûr celui de l’esclavage. L’Encyclopédie, œuvre collective, dirigée par Diderot, réunit les connaissances de l’époque pour vaincre l’obscurantisme. Auteurs engagés, les philosophes diffusent leurs idées dans de nouveaux lieux salons et cafés littéraires où elles sont à la portée de tous. Leur engagement se fait parfois au prix de leur liberté. Des lettres, des traités, des articles, des essais, des discours mais aussi des contes philosophiques Candide, L’Ingénu de Voltaire ou des œuvres épistolaires sont les genres les plus fréquents à cette époque . Les Lettres Persanes, qui sont le récit de la correspondance fictive entre deux Persans, permettent en 1721 à Montesquieu de critiquer la société française sans risquer la censure. Les auteurs significatifs de cette période sont Jean-Jacques Rousseau, Jean le Rond D’Alembert, Olympe de QU’IL FAUT RETENIRRelecture de la pensée antique et en l’Homme. ● Questionnements sur l’éducation, la politique, la religion. ● Formalisme et codification bienséance et beau langage. ● Idéal de l’honnête de la contre l’obscurantisme de la monarchie absolue et des injustices progrès est lié à la raison et aux lieux de savoirs ouverts à tous. FABLES J. de La Fontaine Fiche de lecture Jean de La Fontaine 1621-1695 a quarante-six ans quand, en mars 1668, Barbin, éditeur prestigieux de Boileau et de Racine, fait paraître les six premiers livres des Fables choisies et mises en vers par M. de La Fontaine. Elles sont précédées d'une Épître à Monseigneur le Dauphin, le fils de Louis XIV, alors âgé de sept ans ; d'une Préface qui proclame que […] […] Lire la suite LA FONTAINE JEAN DE 1621-1695 Écrit par Tiphaine ROLLAND • 3 158 mots • 3 médias La Fontaine est à la fois l’auteur le plus unanimement célébré de la littérature française et l’un des plus difficiles à saisir. Un peu comme Perrault avec ses Contes du temps passé, il s’est identifié avec le genre ancien qu’il a rénové ses Fables résonnent partout, dans les écoles primaires qui les inscrivent dans les mémoires juvéniles, comme à l’univer […] […] Lire la suite CONTES DE FÉES, Madame d'Aulnoy Fiche de lecture Écrit par Christian BIET • 1 222 mots La comtesse d'Aulnoy Marie Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, 1650-1705 est surtout connue, au xvii e siècle, pour le scandale énorme dont elle a été l'objet. Elle fut en effet convaincue, en 1669, d'avoir dénoncé à tort son mari, le baron d'Aulnoy, pour avoir tenu des propos outrageants contre le roi. Cette calomnie, qu'elle et sa mère avaient diffusée pour se débarrasser d'un […] […] Lire la suite L'ASTRÉE, Honoré d'Urfé Fiche de lecture Écrit par Christian BIET • 1 511 mots On a, de nos jours, trop tendance à négliger les grands romans des xvi e et xvii e siècles. On se fie à Cervantès pour repousser les romans de chevalerie, on croit sur parole les Scarron, Sorel et autres Furetière, qui parodient les auteurs d' Amadis , de L'Astrée et du Grand Cyrus , en ignorant trop souvent que tous ces gros ouvrages ont fait l'objet d'un véritable culte. Le succès de L'Astré […] […] Lire la suite L'AUTRE MONDE OU LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE, ET LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL, Savinien Cyrano de Bergerac Fiche de lecture Écrit par Christian BIET • 1 131 mots L'Autre Monde ou les États et Empires de la Lune , de Savinien Cyrano de Bergerac 1619-1655, rédigé vers 1650, a d'abord circulé sous forme manuscrite, avant de paraître après la mort de l'auteur, en 1657, mais modifié au regard des manuscrits retrouvés, qui datent de 1653 environ. Le Bret, ami de l'auteur et éditeur de l'écrit libertin, ne souhaitait pas affronter la censure. Cette première pu […] […] Lire la suite LES AVENTURES DE TÉLÉMAQUE, F. de Fénelon Fiche de lecture Écrit par Christian BIET • 1 080 mots François de Salignac de la Mothe Fénelon 1651-1715 compose en même temps, de juillet 1694 à mars 1695, Les Aventures de Télémaque et les études préparatoires à L'Explication des maximes des saints , durant les conférences d'Issy pourparlers avec Bossuet, évêque de Meaux, à propos de la question du quiétisme, ce courant mystique qui sera condamné en 1699 par l'Église catholique et qui entraîner […] […] Lire la suite LES FEMMES SAVANTES, Molière Fiche de lecture Écrit par Christian BIET • 1 679 mots • 1 média Avant-dernière comédie de Molière 1622-1673 , Les Femmes savantes font écho aux Précieuses ridicules 1659 qui ont ouvert la carrière parisienne de l'auteur. Sur le même motif les femmes et leur volonté de prétendre au savoir et à l'art dans une société de salon, Molière est passé d'une pièce en un acte et en prose, fondée sur des types, faisant la satire de précieuses provinciales entichée […] […] Lire la suite Programme de français des classes de première. Bac 2020 La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle Victor Hugo, Les Contemplations, Livres I à IV/ Parcours Les Mémoires d'une âme. Les contemplations de Victor Hugo, structure et analyse du recueil Charles Baudelaire, Les fleurs du mal/ Parcours Alchimie poétique la boue et l'or. Fiche de lecture sur Les Fleurs du Mal de Baudelaire Les Fleurs du Mal de Baudelaire, thèmes principaux du recueil Les Fleurs du mal, lecture analytique " Invitation au Voyage" Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours Modernité poétique ? La modernité poétique dans Alcools de Guillaume Apollinaire La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Montaigne, Essais, Des Cannibales », I, 31 ; Des Coches », III, 6 / parcours Notre monde vient d'en trouver un autre. Fiche sur "Des coches" de Montaigne Fiche sur "Les cannibales" de Montaigne L’humanisme dans les Essais de Montaigne Jean de La Fontaine, Fables livres VII à XI / parcours Imagination et pensée au XVIIe siècle. La fable définition, caractéristiques et exemples Les fables de La Fontaine résumé des livres VII à XI L''apologue analyse du texte "Le pouvoir des fables" de Jean de La Fontaine. Montesquieu, Lettres persanes / parcours Le regard éloigné. Le regard éloigné dans les Lettres persanes de Montesquieu Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours individu, morale et société. La princesse de Clèves résumé et analyse du roman Stendhal, Le Rouge et Noir / parcours Le personnage de roman, esthétiques et valeurs. Le rouge et le noir de Stendhal, résumé et analyse du roman Marguerite Yourcenar Mémoires d'Hadrien / parcours Soi-même comme un autre. Mémoires d'Hadrien de marguerite Yourcenar, résumé et analyse Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle Jean Racine, Phèdre / parcours Passion et tragédie. Phèdre de Jean Racine résumé et analyse de la pièce La passion amoureuse dans Phèdre, tragédie de Racine La passion amoureuse dans les tragédies de Racine Explication de texte Phèdre de Racine, Acte I, scène 3 Les mises en scène de Phèdre de Racine Actrices et metteurs en scène Beaumarchais, Le Mariage de Figaro / parcours La comédie du valet. Fiche Le mariage de Figaro de Beaumarchais, résumé et analyse Qui est Figaro ? Analyse du personnage de Beaumarchais Commentaire de texte Le mariage de Figaro, Acte I, scène1 Commentaire de texte Le mariage de Figaro Acte V, scène 3 Samuel Beckett, Oh ! Les Beaux jours / parcours Un théâtre de la condition humaine. Oh les beaux jours de Beckett théâtre de la condition humaine INSTRUIRE ET PLAIRELes auteurs des XVIIème et XVIIIème siècles ne pouvaient se satisfaire pleinement du discours didactique sérieux ils ont donc conçu des stratégies qui servaient leur engagement et ménageaient le plaisir de la AUX ARMES DE L'ESPRITHéritière de l'apologue antique, la fable emprunte chez Jean de La Fontaine cent masques divers, et se glisse dans les allées du pouvoir. Charles Perrault, de son côté, redonne vie au conte populaire et Voltaire, un peu plus tard, mêle critique et fantaisie, dans le conte philosophique. D'autres, pendant ce temps, tracent des chemins originaux, préférant les formes brèves ou dialoguées. DES FABLES POUR PLAIRE ET INSTRUIRE...Sources anciennes Lorsqu'en 1668 paraît le recueil intitulé Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, leur auteur a 47 ans. Le genre n'est pas nouveau le Grec ESOPE VIème siècle av. vient d'être traduit en latin et un autre fabuliste, PHEDRE Latin du 1er siècle ap. avait enseigné une morale en privilégiant la mise en scène d'animaux. La Fontaine reconnaît qu'il imite ces grands prédécesseurs, mais il revendique une volonté nouvelle avec le "charme et l'air agréable" de la poésie, "habiller des livrées des Muses", des historiettes destinées à "instruire et plaire".240 fables en 25 ans !Le succès des six premiers livres du 1er recueil est immédiat après deux réimpressions de 1668, il y aura trois rééditions l'année suivante. Désormais, La Fontaine ne cesse plus de composer son intense activité poétique donne naissance, en mai 1678, aux livres VII et VIII de la nouvelle édition, suivis en 1679 des livres IX à XI. Le livre XII clôt le recueil de lyriques, satiriques ou philosophiques..."Je me sers d'animaux pour instruire les hommes", affirme le fabuliste. Il renoue avec la fable animalière cf. ESOPE ou PHEDRE, les animaux sont les protagonistes privilégiés et sont dotés de caractéristiques traditionnelles qui permettent de glisser des critiques et de faire réfléchir sur les comportements. La fantaisie poétique s'épanouit en une "comédie à cent actes divers", dont les acteurs se nomment "Le Corbeau et le Renard", "Le Loup et le Chien", mais aussi "L'Huître et les plaideurs", "Le Chêne et le Roseau"...La 2ème livraison des Fables ajoute une autre source d'inspiration l'Indien PILPAY IIIème siècle. Les sujets sont désormais plus politiques, religieux et philosophiques, la poésie élégiaque fait son apparition "Les Animaux malades de la peste", "Le Vieillard et les trois jeunes gens", "Les Deux Pigeons" notamment appartiennent à cette galerie de nouveaux aussi chez PILPAY que La Fontaine trouvera ses modèles pour les fables du livre XII l'intervention du fabuliste se fait plus nette et la réflexion philosophique domine dans "Le Cerf malade", "Le Singe" ou "Le Philosophe scythe".Le corps et l'âme de la fableLues et étudiées dans les écoles du vivant de leur auteur, les Fables accompagnèrent par la suite des générations d'élèves dans l'apprentissage de la nature humaine et de la vie en société. Les Fables ont une apparence simple l'univers des animaux est proche de l'enfance, la leçon est souvent donnée explicitement à la fin... Pourtant elles sont souvent plus ambiguës qu'il n'y paraît. Elles recèlent des nuances subtiles. OEuvre ouverte, parfois contradictoire, jamais définitive, les Fables sont tantôt lues comme un éloge appuyé de l'ordre monarchique, tantôt comprises comme une dénonciation des abus de ce même pouvoir. Elles posent aussi sur l'humanité un regard sombre et féroce. La satire permet également de se moquer des petits et des grands travers des les Fables sont d'abord une oeuvre poétique utilisant toutes les ressources de la métrique, jouant sur les rythmes et les sonorités, elles créent un univers autonome. Les hommes et les animaux surgissent dans la vérité de leur caractère, au milieu de paysages familiers, et toujours sous le regard amusé de La Fontaine. QUAND LA FONTAINE FAIT L’ELOGE DE L’APOLOGUE …L'apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme. Le corps est la fable ; l'âme, la moralité. Préface des FablesPlutôt que d'être réduits à corriger nos habitudes, il faut travailler à les rendre bonnes pendant qu'elles sont encore indifférentes au bien ou au mal. Or quelle méthode y peut contribuer plus utilement que ces fables ? Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s'engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr, lui et son armée, quelque effort qu'il fit pour se retirer. Dites au même enfant que le renard et le bouc descendirent au fond d'un puits pour y éteindre leur soif ; que le renard en sortit s'étant servi des épaules et des cornes de son camarade comme d'une échelle ; au contraire, le bouc y demeura pour n'avoir pas eu tant de prévoyance ; et par conséquent il faut considérer en toute chose la fin . Je demande lequel de ces deux exemples fera le plus d'impression sur cet enfant ne s'arrêtera-t-il pas au dernier, comme plus conforme et moins disproportionné que l'autre à la petitesse de son esprit ? Préface des FablesS'il y a quelque chose d'ingénieux dans la république des lettres, on peut dire que c'est la manière dont Esope a débité sa morale. Il serait véritablement à souhaiter que d'autres mains que les miennes y eussent ajouté les ornements de la poésie, puisque le plus sage des anciens a jugé qu'ils n'y étaient pas inutiles. J'ose, Monseigneur, vous en présenter quelques essais. C'est un entretien convenable à vos premières années. Vous êtes en un âge où l'amusement et les jeux sont permis aux princes; mais en même temps, vous devez donner quelques unes de vos pensées à des réflexions sérieuses. Tout cela se rencontre aux fables que nous devons à Esope. L'apparence en est puérile, je le confesse, mais ces puérilités servent d'enveloppe à des vérités importantes. […] Dédicace des Fables A Monseigneur le DauphinLes fables ne sont pas ce qu'elles semblent être ;Le plus simple animal nous y tient lieu de morale nue apporte de l'ennui Le conte fait passer le précepte avec ces sortes de feinte il faut instruire et plaire,Et conter pour conter me semble peu d' par cette raison qu'égayant leur esprit,Nombre de gens fameux en ce genre ont ont fui l'ornement et le trop d' ne voit point chez eux de parole perdue. Début de la fable Le pâtre et le lion, Livre VIL'apologue est un don qui vient des Immortels; Ou, si c'est un présent des hommes,Quiconque nous l'a fait mérite des autels Nous devons, tous tant que nous sommes, Eriger en divinitéLe sage par qui fut ce bel art proprement un charme il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récitsQui mènent à son gré les coeurs et les esprits.Dédicace du second recueil des Fables à Mme de Montespan SATIREPièce de vers où l'auteur attaque les vices et les ridicules de son temps. Pamphlet ordinairement mêlé de prose et de vers, dans lequel on s'attaque aux mœurs publiques. Écrit, propos, œuvre par lesquels on raille ou on critique vivement quelqu'un ou quelque chose par exemple un film peut être une satire des mœurs LA FONTAINE dans ses Fables, VOLTAIRE dans ses contes philosophiques, mettent en oeuvre une plume satirique ils recourent volontiers à l'ironie ce qui exige du lecteur un décryptage du texte mais aussi au registre satirique. En effet, ils s'ingénient à ridiculiser les travers de la société et des hommes. Ainsi le moraliste et le philosophe amènent le lecteur à dégager l'implicite de leurs récits. La lecture doit donc être active et vigilante puisqu'il faut repérer les indices de l'ironie et les procédés de la satire. La dimension critique des fables et des contes philosophiques demande une attention aiguë car il faut être en mesure de reformuler explicitement les messages critiques sous-entendus. LA FONTAINE recourt aussi assez souvent au discours indirect libre pour mettre à distance des propos qui doivent nous paraître scandaleux, comme lors des réactions des courtisans dans "Les Animaux malades de la peste" pour désigner le pauvre Ane - qui n'est guère coupable en vérité mais qui sera sacrifié par la communauté animale - , le fabuliste use des mots "pelé", "galeux", "maudit animal" pour traduire les propos haineux de ses attaquants. La Fontaine donne à entendre la mauvaise foi des puissants qui s'en prennent aisément aux petites gens pour conjurer les fléaux tels que la peste. La morale explicite confirme cette lecture et l'enjeu critique de la fable "Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." LA FONTAINE L'Homme et la CouleuvreUn Homme vit une Couleuvre. Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre Agréable à tout l'univers. A ces mots, l'animal pervers C'est le serpent que je veux dire Et non l'homme on pourrait aisément s'y tromper, A ces mots, le serpent, se laissant attraper, Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire, On résolut sa mort, fût-il coupable ou non. Afin de le payer toutefois de raison, L'autre lui fit cette harangue Symbole des ingrats, être bon aux méchants, C'est être sot, meurs donc ta colère et tes dents Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue, Reprit du mieux qu'il put S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, A qui pourrait-on pardonner ? Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi. Mes jours sont en tes mains, tranche-les ta justice, C'est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois, condamne-moi ; Mais trouve bon qu'avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats Ce n'est point le serpent, c'est l'homme. Ces paroles Firent arrêter l'autre ; il recula d'un pas. Enfin il repartit Tes raisons sont frivoles Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. Soit fait, dit le reptile. Une Vache était là, l'on l'appelle, elle vient ; Le cas est proposé ; c'était chose facile Fallait-il pour cela, dit-elle, m'appeler ? La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ? Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n'a sans mes bienfaits passé nulles journées ; Tout n'est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j'ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin Sans herbe ; s'il voulait encor me laisser paître ! Mais je suis attachée ; et si j'eusse eu pour maître Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin L'homme, tout étonné d'une telle sentence, Dit au Serpent Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit. Croyons ce Boeuf. Croyons, dit la rampante bête. Ainsi dit, ainsi fait. Le Boeuf vient à pas lents. Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l'honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l'indulgence des Dieux. Ainsi parla le Boeuf. L'Homme dit Faisons taire Cet ennuyeux déclamateur ; Il cherche de grands mots, et vient ici se faire, Au lieu d'arbitre, accusateur. Je le récuse aussi. L'arbre étant pris pour juge, Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs. L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il sût faire ; Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire Un rustre l'abattait, c'était là son loyer, Quoique pendant tout l'an libéral il nous donne Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ; L'ombre l'Eté, l'Hiver les plaisirs du foyer. Que ne l'émondait-on, sans prendre la cognée ? De son tempérament il eût encor vécu. L'Homme trouvant mauvais que l'on l'eût convaincu, Voulut à toute force avoir cause gagnée. Je suis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-là. Du sac et du serpent aussitôt il donna Contre les murs, tant qu'il tua la bête. On en use ainsi chez les grands. La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens, Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. J'en conviens. Mais que faut-il donc faire ? - Parler de loin, ou bien se FONTAINE, "L'Homme et la Couleuvre", Fables REMARQUES SUR "L'HOMME ET LA COULEUVRE" L’origine de cet apologue est indienne. Voyez le Livre des lumières, ch. III, fable 3, et le Pantcha Tantra, traduit par l’abbé Dubois, Paris, 1826, p. 39 à 54. Remarquez dans l’apologue indien l’intervention d’un autre personnage qui accentue bien plus vivement la conclusion. L’homme a sauvé le serpent des flammes en lui tendant un sac au bout d’une perche. Il l’a laissé sortir du sac, et c’est alors que le serpent veut mordre son bienfaiteur. Au reproche que l’homme lui adresse, il répond qu’il ne fait que suivre les exemples que lui-même lui donne, et propose d’en appeler au témoignage de la vache et de l’arbre. Ceux-ci répondent comme l’on sait. Mais le renard est consulté à son tour. Il se fait raconter l’aventure ; il feint de mettre en doute que le serpent ait pu entrer dans un si petit sac et demande à voir cela de ses propres yeux. Le serpent, pour le convaincre, rentre dans le renard dit alors à l’homme Tu es maître de la vie de ton ennemi ; sers-toi de cette occasion ». L’homme ne se le fait pas dire deux fois et écrase le serpent contre une pierre. La leçon, comme on le voit, est digne des temps barbares. La moralité de La Fontaine "Parler de loin ou bien se taire" n’est guère meilleure ; elle décèle une époque trop civilisée et exprime la prudence et la sagesse vile des courtisans. Illustration de "L'Homme et la Couleuvre" par OUDRY LE LION, LE LOUP ET LE RENARDUn Lion décrépit, goutteux, n’en pouvant plus,Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse Alléguer l’impossible aux Rois, c’est un parmi chaque espèceManda des Médecins ; il en est de tous arts Médecins au Lion viennent de toutes parts ;De tous côtés lui vient des donneurs de les visites qui sont faites,Le Renard se dispense, et se tient clos et Loup en fait sa cour, daube au coucher du RoiSon camarade absent ; le Prince tout à l’heureVeut qu’on aille enfumer Renard dans sa demeure,Qu’on le fasse venir. Il vient, est présenté ;Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire Je crains, Sire, dit-il, qu’un rapport peu sincère,Ne m’ait à mépris imputéD’avoir différé cet hommage ;Mais j’étais en pèlerinage ;Et m’acquittais d’un voeu fait pour votre j’ai vu dans mon voyageGens experts et savants ; leur ai dit la langueurDont votre Majesté craint à bon droit la ne manquez que de chaleur Le long âge en vous l’a détruite D’un Loup écorché vif appliquez-vous la peauToute chaude et toute fumante ;Le secret sans doute en est beauPour la nature Loup vous servira,S’il vous plaît, de robe de Roi goûte cet avis-là On écorche, on taille, on démembreMessire Loup. Le Monarque en soupa,Et de sa peau s’enveloppa ;Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire Faites si vous pouvez votre cour sans vous mal se rend chez vous au quadruple du daubeurs ont leur tour d’une ou d’autre manière Vous êtes dans une carrièreOù l’on ne se pardonne rien. Commentaires et analyses par Chamfort . 5. . . . . Il en est de tous ne sais ce que cela veut dire. Veut-il dire. que , dans toutes les professions , il y a des gens qui se mêlent de médecine ? en ce cas , cela est mal exprimé. Ce n’est pas sa 10. …. Daube , au coucher du roi,Son camarade absent. …On dit, sur ce trait, dans l’éloge de La Fontaine Suis-je dans l’antre du lion ? suis-je à la cour ? On pourrait presque ajouter que. l’illusion se prolonge jusqu’à la fin de cette charmante fable. Têtes de boucTêtes de chatTêtes d'aigleCharles LE BRUN 1619-1690, Etudes physiognomoniques 1668Figure majeure de l'art classique, architecte et décorateur, Le Brun conduisit les aménagements du château de Versailles pour la plus grande gloire de Louis XIV. Il fut aussi un théoricien sa réflexion sur l'influence des émotions dans l'expression du visage objet de la physiognomonie l'a conduit à une série de dessins où il confronte des visages humains et des têtes animales, afin de tracer des correspondances entre physionomie et caractère. Les frontières entre hommes et animaux s'en trouvent physiognomonie à pour objet la c UN FABULISTE DU XVIIIème SIECLE FLORIAN 1755-1794La fable et la vérité, Fables, livre ILa vérité, toute nue,Sortit un jour de son attraits par le temps étaient un peu détruits ;Jeune et vieux fuyaient à sa pauvre vérité restait là morfondue,Sans trouver un asile où pouvoir ses yeux vient se présenterLa fable, richement vêtue,Portant plumes et diamants,La plupart faux, mais très ! Vous voilà ! Bon jour, dit-elle Que faites-vous ici seule sur un chemin ?La vérité répond vous le voyez, je gêle ;Aux passants je demande en vainDe me donner une retraite,Je leur fais peur à tous hélas ! Je le vois bien,Vieille femme n'obtient plus êtes pourtant ma cadette,Dit la fable, et, sans vanité,Partout je suis fort bien reçue Mais aussi, dame vérité,Pourquoi vous montrer toute nue ?Cela n'est pas adroit tenez, arrangeons-nous ;Qu'un même intérêt nous rassemble Venez sous mon manteau, nous marcherons le sage, à cause de vous,Je ne serai point rebutée ;A cause de moi, chez les fousVous ne serez point maltraitée Servant, par ce moyen, chacun selon son goût,Grâce à votre raison, et grâce à ma folie,Vous verrez, ma soeur, que partoutNous passerons de compagnie. LE CONTE PHILOSOPHIQUE Ce genre triomphe au XVIIIème siècle avec Voltaire exploitant les ingrédients merveilleux et exotiques du conte, le récit suit l'itinéraire vagabond d'un héros dont le nom est déjà un programme Candide, l'Ingénu, Micromégas... Ses aventures - sur le mode ironique et satirique - témoignent apparemment de beaucoup de naïveté, mais elles délivrent finalement une réflexion critique sur la politique, la morale ou la religion. Au XXème siècle, on retrouve cette vocation dans des formes brèves, à mi-chemin entre le conte et la nouvelle chez Kafka, Buzzati ou DE LA GUERRE DENONCIATION DE L'HORREUR ET DE L'ABSURDITE DE LA GUERRECHAPITRE TROISIEMECOMMENT CANDIDE SE SAUVA D'ENTRE LES BULGARES, ET CE QU'IL DEVINT Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés. Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de monsieur le baron avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de Mlle du chapitre 3 de Candide - Voltaire Caricature de VOLTAIRE par SAVIGNAC SATIRE DE LA JUSTICE ZADIG OU LA DESTINEE, VOLTAIRE Un jour, se promenant auprès d'un petit bois, il vit accourir à lui un eunuque de la reine, suivi de plusieurs officiers qui paraissaient dans la plus grande inquiétude, et qui couraient çà et là comme des hommes égarés qui cherchent ce qu'ils ont perdu de plus précieux. Jeune homme, lui dit le premier eunuque, n'avez-vous point vu le chien de la reine ? » Zadig répondit modestement C'est une chienne, et non pas un chien. » Vous avez raison, reprit le premier eunuque. — C'est une épagneule très petite, ajouta Zadig ; elle a fait depuis peu des chiens ; elle boite du pied gauche de devant, et elle a les oreilles très longues. — Vous l'avez donc vue ? dit le premier eunuque tout essoufflé. Non, répondit Zadig, je ne l'ai jamais vue, et je n'ai jamais su si la reine avait une chienne. Précisément dans le même temps, par une bizarrerie ordinaire de la fortune, le plus beau cheval de l'écurie du roi s'était échappé des mains d'un palefrenier dans les plaines de Babylone. Le grand veneur et tous les autres officiers couraient après lui avec autant d'inquiétude que le premier eunuque après la chienne. Le grand veneur s'adressa à Zadig, et lui demanda s'il n'avait point vu passer le cheval du roi. C'est, répondit Zadig, le cheval qui galope le mieux ; il a cinq pieds de haut, le sabot fort petit ; il porte une queue de trois pieds et demi de long ; les bossettes de son mors sont d'or à vingt-trois carats ; ses fers sont d'argent à onze deniers. — Quel chemin a-t-il pris ? où est-il ? demanda le grand veneur. — Je ne l'ai point vu, répondit Zadig, et je n'en ai jamais entendu parler. » Le grand veneur et le premier eunuque ne doutèrent pas que Zadig n'eût volé le cheval du roi et la chienne de la reine ; ils le firent conduire devant l'assemblée du grand Desterham, qui le condamna au knout, et à passer le reste de ses jours en Sibérie. A peine le jugement fût-il rendu qu'on retrouva le cheval et la chienne. Les juges furent dans la douloureuse nécessité de réformer leur arrêt ; mais ils condamnèrent Zadig à payer quatre cents onces d'or, pour avoir dit qu'il n'avait point vu ce qu'il avait vu. Il fallut d'abord payer cette amende ; après quoi il fut permis à Zadig de plaider sa cause au conseil du grand Desterham ; il parla en ces termes Étoiles de justice, abîmes de science, miroirs de vérité qui avez la pesanteur du plomb, la dureté du fer, l'éclat du diamant, et beaucoup d'affinité avec l'or, puisqu'il m'est permis de parler devant cette auguste assemblée, je vous jure par Orosmade, que je n ai jamais vu la chienne respectable de la reine, ni le cheval sacré du roi des rois. Voici ce qui m'est arrivé Je me promenais vers le petit bois où j'ai rencontré depuis le vénérable eunuque et le très illustre grand veneur. J'ai vu sur le sable les traces d'un animal, et j'ai jugé aisément que c'étaient celles d'un petit chien. Des sillons légers et longs imprimés sur de petites éminences de sable entre les traces des pattes m'ont fait connaître que c'était une chienne dont les mamelles étaient pendantes et qu'ainsi elle avait fait des petits il y a peu de jours. D'autres traces en un sens différent, qui paraissaient toujours avoir rasé la surface du sable à côté des pattes de devant, m'ont appris qu'elle avait les oreilles ; très longues ; et comme j'ai remarqué que le sable était toujours moins creusé par une patte que par les trois autres, j'ai compris que la chienne de notre auguste reine était un peu boiteuse, si je l'ose dire. »Voltaire - Zadig ou La Destinée - Extrait du chapitre III DIALOGUE DU CHAPON ET DE LA POULARDEL’apologue est un moyen privilégié pour moraliser, et il prend la forme d’une fable, d’un conte, ou même d’un dialogue comme c’est le cas pour celui du chapon et de la poularde. Dans l’extrait ci-dessous, l’auteur, VOLTAIRE, démontre, dans un but moralisateur, l’absurdité de la conduite des hommes, de leurs traditions, et en profite pour railler la religion et ce qui s’y rapporte. SATIRE DE LA RELIGIONLE CHAPON. - Eh, mon Dieu ! ma poule, te voilà bien triste, qu’as-tu ?LA POULARDE. - Mon cher ami, demande-moi plutôt ce que je n’ai plus. Une maudite servante m’a prise sur ses genoux, m’a plongé une longue aiguille dans le cul, a saisi ma matrice, l’a roulée autour de l’aiguille, l’a arrachée et l’a donnée à manger à son chat. Me voilà incapable de recevoir les faveurs du chantre du jour, et de CHAPON. - Hélas! ma bonne, j’ai perdu plus que vous ; ils m’ont fait une opération doublement cruelle ni vous ni moi n’aurons plus de consolation dans ce monde ; ils vous ont fait poularde, et moi chapon. La seule idée qui adoucit mon état déplorable, c’est que j’entendis ces jours passés, près de mon poulailler, raisonner deux abbés italiens à qui on avait fait le même outrage afin qu’ils pussent chanter devant le pape avec une voix plus claire. Ils disaient que les hommes avaient commencé par circoncire leurs semblables, et qu’ils finissaient par les châtrer ils maudissaient la destinée et le genre POULARDE. - Quoi ! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privés de la plus belle partie de nous-mêmes ?LE CHAPON. - Hélas ! ma pauvre poularde, C’est pour nous engraisser, et pour nous rendre la chair plus POULARDE. - Eh bien! quand nous serons plus gras, le seront-ils davantage ?LE CHAPON. - Oui, car ils prétendent nous POULARDE. - Nous manger ! ah, les monstres !LE CHAPON. - C’est leur coutume ; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous font avaler une pâtée dont ils ont le secret, nous crèvent les yeux pour que nous n’ayons point de distraction ; enfin, le jour de la fête étant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rôtir. On nous apporte devant eux dans une large pièce d’argent ; chacun dit de nous ce qu’il pense ; on fait notre oraison funèbre l’un dit que nous sentons la noisette ; l’autre vante notre chair succulente ; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion ; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour POULARDE. - Quels abominables coquins ! je suis prête à m’évanouir. Quoi! on m’arrachera les yeux ! on me coupera le cou ! je serai rôtie et mangée ! Ces scélérats n’ont donc point de remords ?LE CHAPON. - Non, m’amie ; les deux abbés dont je vous ai parlé disaient que les hommes n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans l’usage de POULARDE. - La détestable engeance ! Je parie qu’en nous dévorant ils se mettent encore à rire et à faire des contes plaisants, comme si de rien n’ CHAPON. - Vous l’avez deviné ; mais sachez pour votre consolation si c’en est une que ces animaux, qui sont bipèdes comme nous, et qui sont fort au-dessous de nous, puisqu’ils n’ont point de plumes, en ont usé ainsi fort souvent avec leurs semblables. J’ai entendu dire à mes deux abbés que tous les empereurs chrétiens et grecs ne manquaient jamais de crever les deux yeux à leurs cousins et à leurs frères ; que même, dans le pays où nous sommes, il y avait eu un nommé Débonnaire qui fit arracher les yeux à son neveu Bernard. Mais pour ce qui est de rôtir des hommes, rien n’a été plus commun parmi cette espèce. Mes deux abbés disaient qu’on en avait rôti plus de vingt mille pour de certaines opinions qu’il serait difficile à un chapon d’expliquer, et qui ne m’importent POULARDE. - C’était apparemment pour les manger qu’on les CHAPON. - Je n’oserais pas l’assurer ; mais je me souviens bien d’avoir entendu clairement qu’il y a bien des pays, et entre autres celui des Juifs, où les hommes se sont quelquefois mangés les uns les POULARDE. - Passe pour cela. Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore elle-même, et que la terre soit purgée de cette race. Mais moi qui suis paisible, moi qui n’ai jamais fait de mal, moi qui ai même nourri ces monstres en leur donnant mes oeufs, être châtrée, aveuglée, décollée, et rôtie ! Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ?LE CHAPON. - Les deux abbés disent que non. Ils assurent que dans un pays nommé l’Inde, beaucoup plus grand, plus beau, plus fertile que le nôtre, les hommes ont une loi sainte qui depuis des milliers de siècles leur défend de nous manger ; que même un nommé Pythagore, ayant voyagé chez ces peuples justes, avait rapporté en Europe cette loi humaine, qui fut suivie par tous ses disciples. Ces bons abbés lisaient Porphyre le Pythagoricien, qui a écrit un beau livre contre les broches. O le grand homme ! le divin homme que ce Porphyre ! Avec quelle sagesse, quelle force, quel respect tendre pour la Divinité il prouve que nous sommes les alliés et les parents des hommes; que Dieu nous donna les mêmes organes, les mêmes sentiments, la même mémoire, le même germe inconnu d’entendement qui se développe dans nous jusqu’au point déterminé par les lois éternelles, et que ni les hommes ni nous ne passons jamais ! En effet, ma chère poularde, ne serait-ce pas un outrage à la Divinité de dire que nous avons des sens pour ne point sentir, une cervelle pour ne point penser ? Cette imagination digne, à ce qu’ils disaient, d’un fou nommé Descartes, ne serait-elle pas le comble du ridicule et la vaine excuse de la barbarie ?Aussi les plus grands philosophes de l’antiquité ne nous mettaient jamais à la broche. Ils s’occupaient à tâcher d’apprendre notre langage, et de découvrir nos propriétés si supérieures à celles de l’espèce humaine. Nous étions en sûreté avec eux comme dans l’âge d’or. Les sages ne tuent point les animaux, dit Porphyre ; il n’y a que les barbares et les prêtres qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour convertir un de ses disciples qui s’était fait chrétien par POULARDE. - Eh bien! dressa-t-on des autels à ce grand homme qui enseignait la vertu au genre humain, et qui sauvait la vie au genre animal?LE CHAPON. - Non, il fut en horreur aux chrétiens qui nous mangent, et qui détestent encore aujourd’hui sa mémoire ; ils disent qu’il était impie, et que ses vertus étaient fausses, attendu qu’il était POULARDE. - Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! J’entendais l’autre jour, dans cette espèce de grange qui est près de notre poulailler, un homme qui parlait seul devant d’autres hommes qui ne parlaient point. Il s’écriait que Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces autres animaux appelés hommes ; que Dieu leur avait défendu de se nourrir de notre sang et de notre chair». Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive la permission de dévorer nos membres bouillis ou rôtis ? Il est impossible, quand ils nous ont coupé le cou, qu’il ne reste beaucoup de sang dans nos veines ; ce sang se mêle nécessairement à notre chair ; ils désobéissent donc visiblement à Dieu en nous mangeant. De plus, n’est-ce pas un sacrilège de tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? Ce serait un étrange traité que celui dont la seule clause serait de nous livrer à la mort. Ou notre créateur n’a point fait de pacte avec nous, ou c’est un crime de nous tuer et de nous faire cuire il n’y a pas de CHAPON. - Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres, nos éternels ennemis. Il y a longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des lois que pour les violer ; et, ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour justifier leurs transgressions. Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées. Figure-toi que, dans le petit pays où nous vivons, il est défendu de nous manger deux jours de la semaine ils trouvent bien moyen d’éluder la loi ; d’ailleurs cette loi, qui te paraît favorable, est très barbare ; elle ordonne que ces jours-là on mangera les habitants des eaux ils vont chercher des victimes au fond des mers et des rivières. Ils dévorent des créatures dont une seule coûte souvent plus de la valeur de cent chapons ils appellent cela jeûner, se mortifier. Enfin je ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espèce plus ridicule à la fois et plus abominable, plus extravagante et plus POULARDE. - Eh, mon Dieu ! ne vois-je pas venir ce vilain marmiton de cuisine avec son grand couteau ?LE CHAPON. - C’en est fait, m’amie, notre dernière heure est venue ; recommandons notre âme à POULARDE. - Que ne puis-je donner au scélérat qui me mangera une indigestion qui le fasse crever ! Mais les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s’en CHAPON. - Aïe ! on me prend par le cou. Pardonnons à nos POULARDE. - Je ne puis ; on me serre, on m’emporte. Adieu, mon cher CHAPON. - Adieu, pour toute l’éternité, ma chère poularde. Le Baron D'Holbach 1723-1789, Le Bon sens, Conte oriental » 1772 Le baron d'Holbach fut collaborateur de l'Encyclopédie, on utilisa ses compétences en chimie et en métallurgie, mais surtout son athéisme et son matérialisme servirent les idéaux des Lumières. Dans Le Bon sens ou Idées naturelles opposées aux Idées surnaturelles, on trouve un bref épisode en forme de conte oriental, dont l'anecdote conduit ironiquement le lecteur à réfléchir à la sagesse divine la Providence. A quelque distance de Bagdad, un dervis, renommé pour sa sainteté, passait des jours tranquilles dans une solitude agréable. Les habitants d'alentour, pour avoir part à ses prières, s'empressaient chaque jour à lui porter des provisions et des présents. Le saint homme ne cessait de rendre grâces à Dieu des bienfaits dont sa Providence le comblait. O Allah ! disait-il, que ta tendresse est ineffable pour tes serviteurs, qu'ai-je fait pour mériter les biens dont ta libéralité m'accable ? O monarque des cieux ! O père de la nature ! quelles louanges pourraient dignement célébrer ta munificence et tes soins paternels ! O Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants des hommes ! » Pénétré de reconnaissance, notre ermite fit le vœu d'entreprendre pour la septième fois le pèlerinage de La Mecque. La guerre qui subsistait alors entre les Persans et les Turcs, ne put lui faire différer l'exécution de sa pieuse entreprise. Plein de confiance en Dieu, il se met en voyage ; sous la sauvegarde inviolable d'un habit respecté, il traverse sans obstacle les détachements ennemis loin d'être molesté, il reçoit à chaque pas des marques de la vénération du soldat des deux partis. A la fin, accablé de lassitude, il se voit obligé de chercher un asile contre les rayons d'un soleil brûlant ; il le trouve sous l'ombrage frais d'un groupe de palmiers, dont un ruisseau limpide arrosait les racines. Dans ce lieu solitaire, dont la paix n'était troublée que par le murmure des eaux et le ramage des oiseaux, l'homme de Dieu rencontre, non seulement une retraite enchantée, mais encore un repas délicieux ; il n'a qu'à étendre la main pour cueillir des dattes et d'autres fruits agréables ; le ruisseau lui fournit le moyen de se désaltérer bientôt un gazon vert l'invite à prendre un doux repos ; à son réveil il fait l'ablution sacrée et dans un transport d'allégresse, il s'écrie, O Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants des hommes ! » Bien repu, rafraîchi, plein de force et de gaieté, notre saint poursuit sa route ; elle le conduit quelque temps au travers d'une contrée riante qui n'offre à ses yeux que des coteaux fleuris, des prairies émaillées, des arbres chargés de fruits. Attendri par ce spectacle, il ne cesse d'adorer la main riche et libérale de la providence, qui se montre partout occupée du bonheur de la race humaine. Parvenu un peu plus loin, il trouve quelques montagnes assez rudes à franchir, mais une fois arrivé à leur sommet, un spectacle hideux se présente tout à coup à ses regards ; son âme en est consternée. II découvre une vaste plaine, entièrement désolée par le fer et la flamme ; il la mesure des yeux et la voit couverte de plus de cent mille cadavres, restes déplorables d'une bataille sanglante qui depuis peu de jours s'était livrée dans ces lieux. Les aigles, les vautours, les corbeaux et les loups dévoraient à l'envi les corps morts, dont la terre était jonchée. Cette vue plonge notre pèlerin dans une sombre rêverie le ciel, par une faveur spéciale, lui avait donné de comprendre le langage des bêtes ; il entendit un loup gorgé de chair humaine, qui, dans l'excès de sa joie, s'écriait, O Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants des loups ! ta sagesse prévoyante a soin d'envoyer des vertiges à ces hommes détestables si dangereux pour nous. Par un effet de ta providence, qui veille sur tes créatures, ces destructeurs de notre espèce s'égorgent les uns les autres, et nous fournissent des repas somptueux. O Allah que tes bontés sont grandes pour les enfants des loups ! » LE VOYAGE LITTERAIRE Entre les XVIIème et XVIIIème siècles, les progrès de la navigation lointaine permettent la conquête d'espaces et de savoirs nouveaux. Les récits de Louis Antoine de BOUGAINVILLE, au retour d'un voyage autour du monde entre 1766 et 1769, ou de Jean François de LA PEROUSE, disparu alors que son navire se trouvait au sud de l'Australie, apportent la certitude que le monde ne se limite pas à l'Europe chrétienne et que l'idée de civilisation est une notion relative. Plus hardis que ceux du XVIIème siècle, les écrivains des Lumières sont eux-mêmes des voyageurs, au moins en Europe et dans le pourtour méditerranéen ; et il n'est pas un seul de leurs voyages qui ne donne lieu à la rédaction de leurs conclusions, tels VOLTAIRE parti pour l'Angleterre ou MONTESQUIEU de retour d'Italie. Mus par la curiosité et par le désir de comprendre, ils mettent ainsi à profit leurs observations pour renverser leur regard et se livrer à des analyses comparatives dont MONTAIGNE humaniste du 16ème siècle, avant eux, avait montré la justesse. Le passage à la fiction permet à ces écrivains plus d'audace et de liberté ainsi naît le héros voyageur, venu de l'espace ex Micromégas chez VOLTAIRE, ou s'y rendant comme le narrateur des Etat et Empires de la Lune, chez Cyrano de BERGERAC, ingénu débarqué d'Amérique dans le conte L'Ingénu, de VOLTAIRE ou faux candides persans en visite en Europe Lettres persanes de MONTESQUIEU. Tous portent un regard "étranger", toujours critique sur la société européenne. La satire prend ainsi à revers la censure et contribue aux changements que la société réclame.

dissertation sur les fables de la fontaine imagination et pensée